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Tom pénétra dans la bibliothèque silencieuse et la balaya du regard. Il n'y avait presque personne. Il posa ses affaires sur une table en retrait, cachée derrière un rayonnage, et s'avança dans entre les rangées de livres. Il avisa enfin le thème qui l'intéressait, et pencha la tête pour lire les titres des ouvrages. Il finit par en saisir un, un petit livre relié de cuir et intitulé L'Art de la torture. Il alla s'asseoir et ouvrit le petit livre dont la première phrase était: "Infliger la souffrance requiert une préparation sérieuse; la torture doit être un spectacle et, en quelque sorte, un acte de foi".
Bien sûr, qui pourrait le nier? Avec un soupir, Tom posa le livre et sortit ses parchemins. Il avait des recherches à effectuer sur certaines plantes.

Mohéra se retira de la Réserve un long moment après que le Maître n'ait transplané lui-même de l'illustre endroit. Ayant soigneusement dissimulé le parchemin et rangé le lourd Grimoir du Seigneur des ténèbres dont elle venait de parcourir les larges pages avec rapacité et envoûtement, la bibliothécaire verrouilla dans un cliquetis sourd la massive et antique porte. L'esprit encore en effervescence suite à la souveraine venue du Maître, elle s'engagea dans l'allée abyssale du rayonnage consacré à l'art de la Torture dans lequel elle devait cataloguer une demi-douzaine d'ouvrages avant le lendemain.

S'hybridant filandreusement à l'ombre oppressante qui avait étreint les lieux, elle s'apprêta à stopper sa progression devant la tablette qui l'importait lorsqu'elle distingua à deux pas de là une silhouette sybilline que l'obscurité ne lui avait pas permis de discerner jusque là. Plongée dans ses mornes songes, Mohéra n'avait pas veillé à faire taire la cacophonie du trousseau de clés s'entrechocant qu'elle tenait toujours fermement de sa main droite.
Nul doute que la silhouette avait perçut ce tapage innoportun.
Mohéra ne fit qu'un demi-pas pour s'apercevoir non sans défaillance qu'il s'agissait en vérite du professeur Joad. Sa conscience contrariée lui dicta expressément de faire volte-face, mais ses lèvres en décidèrent visiblement autrement ; d'une voix froide et distante, elle s'adressa à Tom :

-Bonsoir, professeur Joad.

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Tom répondit de la même voix froide, plus par courtoisie que par envie de parler à Mohéra:
-Bonsoir, mademoiselle Lupin.
La bibliothécaire lui en voulait encore de l'avoir laissée seule face à Lizbeth... Mais il s'en souciait peu. Il avait d'autres problèmes plus urgents à régler que cette brouille avec Mohéra... à commencer par sauver sa peau devant le Seigneur des Ténèbres.
Il jeta un regard hostile au trousseau de clefs que tenait Mohéra, et dit d'une voix impérieuse:
-Vous voudrez bien faire un peu moins de bruit, j'essaie de travailler.

Mohéra alanguit l’austérité de son regard, sans le détacher pour autant de celui, indisposé et troublant, de Tom. L’espace d’un furtif instant, elle songea en sondant les pupilles dilatées du professeur que lui aussi avait certainement eu l’éminente visite du Maître ; ses yeux avaient cette lueur qu’elle ne lui connaissait pas. Elle demeura ainsi quelques secondes encore avant de répliquer aux propos du sorcier, d’une voix lente, susurrée, et légèrement piquante :

-Mais naturellement, professeur, le silence est apparemment un art dans lequel vous excellez, et loin de moi le dessein de contrecarrer une telle nécessité.

Elle glissa lestement le lourd trousseau de clés dans la poche droite de sa robe de geai, ramena en arrière quelques mèches violines qui balayaient avec désagrément son visage opalin, avant de poursuivre, toujours dans un murmure tout mesuré :

-Au risque de paraître indécente, votre quête concernant le mystérieux parchemin vous a-t-elle déjà apporté de nouveaux indices exploitables ?

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Tom adressa un regard assassin à Mohéra avant de lui répondre, sur un ton badin:
-Le silence est un art que vous devriez cultiver vous-même, mademoiselle Lupin... Savoir se taire à bon escient est une qualité indéniable pour un Mangemort.
Il se tut un instant pour se rendre compte de l'effet produit par sa réplique, puis poursuivit:
-Quant au parchemin, je ne m'en suis pas soucié. Le Seigneur des Ténèbres m'a donné d'autres ordres plus urgents... vous comprendrez que je les exécute avant de chercher une hypothétique piste...

La bibliothécaire ne cligna pas face au regard farouche et intransigeant que lui porta Tom. Malgré les regrettables discordes qui avaient amèrement affecté leur relation, Mohéra en venait à espérer que l’issue de cette nouvelle rencontre ne se solderait pas encore par un malencontreux déboire. Prenant sur elle, et se résignant à estomper les feux attisés de son impétuosité, elle tenta d’orienter le dialogue en ce sens.

-Bien que je ne sois pas persuadée que vous soyez le Mangemort le mieux placé pour me tenir un tel sermon, professeur, vous n’êtes certainement pas totalement en tort…

Mohéra s’affaissa légèrement, puis d’un geste vague et instinctif, elle se saisit de la chaise bancale qui jonchait le marbre noir du sol en face du siège de Tom. Elle prit doucement place, plus machinalement que volontairement, avant de poursuivre :

-Ne me regardez pas comme cela, professeur, je n’affectionne guère la tournure que prennent les choses entre nous. Et je ne pense pas me tromper en disant que vous devinez suffisamment les sentiments que j’éprouve pour vous pour croire que j’en suis la première désenchantée. Là encore vous me direz que l’insensibilité et l’indifférence à de tels émois sont des qualités indéniable pour un Mangemort, et encore une fois vous auriez sans doute raison.

Elle se tut aussi soudainement que ses mots ne moururent dans le gouffre d’un silence strangulant. Tant d’autres semblaient se précipiter à ses lèvres dans l’espoir d’être prononcés ; mais Mohéra se résolut à cesser là son monologue incongru et déplacé, dans un soupir frêle à peine perceptible.

-En effet, professeur, je ne peux que comprendre. IL est venu à moi également… Puissions-nous être dignes de Son retour.

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Tom haussa les épaules et secoua la tête en entendant Mohéra lui parler de ses sentiments. Il répondit d'une voix douce, qui contrastait avec la sécheresse de ses paroles:
-Effectivement, l'indifférence est un atout pour un Mangemort... je crains que vos sentiments n'aient guère de prise sur moi.
Il l'écouta évoquer le Maître les yeux baissés. Il avait vu Liz, Mohéra... Il devait donc être au courant de tout, jusqu'au moindre détail... Un frisson lui parcourut l'échine à cette pensée. Il avait été le premier Mangemort à croiser le Seigneur des Ténèbres, et leur rencontre lui laissait déjà un souvenir cuisant. Entre-temps, le Maître avait vu Liz, et il avait donc de nouveaux sujets de mécontentement... Tom était donc encore plus en danger que lors de la première entrevue avec le Lord. D'une voix monocorde, la tête basse, Tom approuva:
-Oui, puissions-nous en être dignes...

Mohéra inclina la tête avec altruisme et regrets, encline à une certaine résipiscence. Malgré la franchise catégorique et rustre de Tom, elle admirait, en un sens, le contrôle qu'il semblait exercer sur les manifestations émotionnelles de ses sentiments. Elle songea, quelque peu frustrée, que sur cette voie là elle avait encore beaucoup de chemin à parcourir. Mais elle ne concevait pas de façonner son coeur dans du roc dur et inflexible, en cela certainement Tom et elle étaient-ils aux antipodes l'un de l'autre. Un coeur brûlant et enflammé pouvait se montrer tout aussi implacable et frénétique face au Devoir qu'un coeur de glace ; la passion et ses émois de quelque nature qu'ils soient étaient bien souvent le moteur de la hargne et de la fougue d’une volonté de fer.

Lorsque Tom évoqua le Seigneur des Ténèbres, Mohéra discerna une ombre sombre et sinistre voiler la mine grave du sorcier, et dans ses yeux brumeux se lurent affres et incertitude. Elle aurait voulu lui murmurer une brise de mots cléments, débonnaires, voire attentionnés, mais elle se ravisa expressément en songeant qu’elle n’était guère disposée à recevoir une fois encore une réplique déplaisante et blessante de la part de Tom. Elle se contenta de se relever en douceur, tout en susurrant sobrement :

-Il ne tient qu’à nous de l’être, professeur.

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Tom répondit, les yeux toujours fixés sur son parchemin, d'une voix sombre:
-Il ne tient qu'à nous? Nous devons faire de notre mieux pour Le satisfaire, bien sûr, mais nous ne pouvons qu'espérer Sa clémence... Bien peu de sorciers seraient dignes de Lui, s'Il ne faisait preuve de magnanimité...
Il serra les dents et regarda passionément le petit livre sur la torture. La peur lui nouait l'estomac. Il toucha ses papiers, presque avec superstition, se demandant s'il allait oser préparer son prochain cours. La terreur lui donnait une sorte de vertige qui lui faisait oublier jusqu'à la présence de Mohéra à ses côtés. Il essaya de se ressaisir:
*je ne vais pas mourir... mon maître ne me tuera pas...*

Mohéra percevait les paroles de Tom comme les rafales immatérielles d’un zéphyr vaporeux ; insubstantielles, elles erraient à la sortie de sa bouche en des vagues de mots destinés au seul néant de l’insonorité. Le sorcier semblait faire une totale abstraction de la compagnie féminine qui se dressait devant lui, voguant sur les rives apparemment fort sinistre de ses songes.
Mohéra, à la fois contrariée et soucieuse, pouvait ressentir les effluves belliqueuses et frissonnantes de la peur décapitante qui visiblement mettait Tom dans un état second. Dans un mouvement amène, elle posa prudemment sur la table ses deux mains à plat, puis se pencha légèrement vers le regard voilé du sorcier ; d’une voix fluette et murmurée, comme pour mieux échapper à l’indiscrétion de certains ouvrages, elle lui murmura à l’oreille :

-Qu’auriez-vous donc fait pour attiser si terriblement l’irritation du Maître ? Si ce n’est tenter avec mérite de rattraper l’échec cuisant de ma propre initiative d’attaque ? Y aurait-il eu autre chose, Tom ?

Mohéra avait bien conscience qu’elle faisait preuve d’impudence sur des sujets profonds qui ne la concernait pas directement, mais elle ignora ce sentiment de conscience, et continua dans son élan versatile à fixer de ses prunelles mauves les iris anxieuses de Tom .

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Tom leva les yeux vers Mohéra, bien décidé à ne rien dire de son angoisse... Il savait que chacun de ses faits et gestes pouvait être rapporté au Maître, et il ne voulait pas qu'on pût dire qu'il s'épanchait dans le giron de ses collègues. Il se frotta les yeux comme pour se réveiller d'un mauvais rêve, et répondit précipitamment:
-Oh, rien de spécial, Mohéra... rien de grave... si ce n'est cette sombre histoire de loup-garou...
Il préféra taire les paroles du Seigneur des Ténèbres l'accusant de faiblesse et de sentimentalisme. Il était déterminé à prouver que ces soupçons étaient immérités.

Mohéra esquissa une moue dubitative suite à la réponse peu persuasive de Tom. Ses mots étaient hésitants et l’expression de son grave visage houleuse. La sorcière, perplexe et inapaisée, se redressa lentement en sourcillant et considérant Tom de manière douteuse.

-Vous avez sans doute de bonnes raisons de vous méfiez de moi, Tom, mais ce n’est pas en fabulant que vous tromperez ma lucidité. Je ne cherchais ni à vous offensez ni à vous causez du tort en vous posant cette question, mais je… Je me préoccupais de votre sombre mine et des tourments qui se dépeignent sévèrement dans vos yeux.

Elle avait dit cela en détournant furtivement le regard, ne sachant plus si le comportement le plus approprié à adopter à l’égard de Tom était de le laisser seul avec ses mornes songes , ou au contraire de rester à ses côtés et de poursuivre la tentative d’en apprendre d’avantage.

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Regrettant un peu d'offenser une jeune femme qui ne lui avait rien fait, Tom sourit timidement et répondit:
-Je ne me méfie pas de vous, Mohéra, ne croyez pas cela... Je me méfie de... de moi-même, de mes faiblesses...
Il se demanda un instant s'il allait le lui dire, mais les mots franchirent ses lèvres avant qu'il ait pu les retenir:
-Je crois que le Seigneur des Ténèbres est mécontent de moi, vous comprendrez que je sois anxieux...

Aux premiers aveux de Tom, Mohéra songea qu’ils n’étaient finalement pas si différents de cela l’un de l’autre… Chacun d’eux menait un inexorable combat intérieur contre leurs virulentes faiblesses. Rassérénée sur le fait qu’il ne doutait pas de sa sincérité, Mohéra reprit délicatement place aux côtés de Tom, l’expression inquiète aux écoute.
Les lèvres d’abord indécises, le sorcier finit par se confier un peu plus à Mohéra, bien qu’à travers une insinuation encore nébuleuse et vague. Aise de cette fébrile mais existante marque de confidence, mais angoissée par cette révélation confirmée, elle glissa silencieusement sa chaise au contact de celle de Tom en lui susurrant :

-Mécontent de vous, Tom ? En d’autres termes que la fâcheuse situation dans laquelle je vous avais indignement impliqué ? J’ai beau ne vous connaître que depuis peu, j’ai bien du mal à croire en la véracité d’une telle déclaration…Comment cela se pourrait-il ?

Elle le dévisageait ardemment, avec inquiétude, les traits crispés et les lèvres pincées, le cœur battant.

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Regrettant déjà d'avoir laissé échapper quelques mots, Tom se redressa et répondit d'une voix plus ferme:
-Pardonnez-moi, Mohéra, mais je n'ai guère envie d'en parler... vous comprenez cela, j'en suis certain... J'espère que vous ne me tenez pas rigueur de mes démonstrations de mauvaise humeur...
Il rouvrit machinalement l'Art de la Torture en pensant au jour où il pourrait prouver à son maître qu'il n'était pas un sentimental. Un sourire sombre passa sur ses lèvres comme il songeait que ce Noël-là risquait fort d'être compromis pour la vermine de l'Ordre du Phénix...

Comme sous l’effet d’une gifle, Mohéra recula légèrement et rejeta avec dépit son visage un peu plus en arrière. Elle ne cacha pas la désillusion qui fut sienne face à ce soudain revers de comportement de la part de Tom, mais inclina vaguement la tête en signe de compréhension.

-Très bien Tom, gardez vos secrets si telle est votre volonté. Je comprends, oui… Mais je reste ouverte à votre confidence auquel cas vous changeriez d’avis.

Scrutant avec songes le sorcier se perdre dans le survol des pages de l’ouvrage, et dans les méandres de son esprit torturé, elle supposa qu’il préférait sans doute rester seul avec lui-même. Mais avant de battre en retraite, elle achemina jusqu’à elle, d’un coup de baguette magique, le piteux exemplaire de la Gazette du jour qui gisait négligeament dans la corbeille à papier de son bureau une seconde plus tôt. Dans un geste lent et mesuré, elle le déposa doucement devant le regard vaseux de Tom, ouvert à la page relatant la conférence de Greg Sanders devant la banque Gringotts.
Mohéra esquissa un sourire railleur et son visage arbora une expression de sarcasme perfide :

-Ils en ont mis, du temps, pour privilégier et confirmer la piste des Mangemorts. Il me semble que même en faisait preuve de la plus machiavélique foi du monde, nous ne parviendrions guère à sous-estimer leur faculté à manier perspicacité et ingéniosité, tant qu’il n’existera pas de niveaux inférieur à celles dont il font preuve.

Elle avait dit cela d’une voix éteinte mais qui se voulait ironique, comme pour alléger quelques secondes succinctes les tourments crucifiants de Tom.

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Tom jeta un regard sur l'article, et son visage s'éclaira d'une lueur mauvaise. Effectivement, l'enquête piétinait... à moins que la police ne craigne de se mesurer au Seigneur des Ténèbres...
-Ces pauvres gens sont vraiment pathétiques... on découvre des cadavres au-dessus desquels flotte la Marque des Ténèbres, et au bout de plusieurs jours d'enquête laborieuse, ils annoncent triomphalement que c'est l'oeuvre des Mangemorts... Le Seigneur des Ténèbres n'a pas trop de soucis à se faire, avec de tels ennemis...
La lecture de cette conférence lui avait fait oublier momentanément ses soucis. Il ressentait une joie féroce à l'idée que les policiers soient aussi mauvais...

-Non, en effet, acquiesça Mohéra, les pupilles embrasées, en adressant à Tom un sourire complice et caustique.

Elle éprouva un certain sentiment de plénitude face à l’expression de jouissance luciférienne qu’arborait le visage du sorcier. Cette ombre menaçante qui voilait les yeux de Tom quelques instants plus tôt s’était momentanément dissipée, et Mohéra y retrouva le regard profond et ténébreux dont elle aimait tant à se délecter.

-Toutefois, cette Magie Feu ne me semble guère être aussi ignorante et candide qu’elle ne souhaite le laisser paraître, et une petite intrusion dans les plans sournois de son esprit malfamé me paraît de mise.

Elle avait soufflé ses mots diaphanes pensivement, plus pour elle-même que dans l’espoir d’être entendu, et acheva d’une voix douce et soyeuse :

-Mais pardonnez-moi de persister ainsi à troubler vos réflexions, Tom, je connais ces moments-là où la solitude se révèle être la seule compagnie supportable et lénifiante. Je…

Mohéra hésita quelques furtives secondes à faire éclore les paroles inopportunes qui brisaient déjà la coquille décente de sa convenance. Sa relation versatile avec le professeur semblait à chaque nouvelle entrevue encline à des horizons totalement divergents. Elle poursuivit finalement sur un timbre affable:

-…enfin vous savez que vous pouvez toujours compter sur ma personne. A bientôt, Tom…

Sur quoi elle se déroba discrètement dans l‘opacité diffuse du lieu, s’employant à parachever rapidement l’inventaire des ouvrages qui l’avait conduite jusqu’à ce rayonnage.

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Tom eut un geste de la main pour dire à Mohéra que ce n'était rien, qu'elle ne le dérangeait pas, mais elle était déjà partie. Il parcourut le journal un moment sans y trouver grand-chose d'intéressant, puis se décida à s'en aller. Il remit ses affaires dans son sac, rangea l'Art de la Torture sur son étagère, et alla rapporter la Gazette à Mohéra qui avait regagné son bureau.
-Je vous laisse... voici le torchon, enfin, le journal... Bonne fin de journée, mademoiselle Lupin...

Lorsque Tom fit une brève apparition dans son bureau afin de lui rapporter courtoisement l’exemplaire de la Gazette, Mohéra esquissa un rictus ravi et inclina légèrement la tête à son intention :

-Merci, Tom… Belle fin de journée à vous. N’hésitez pas à venir me parler, si vous en éprouviez un jour le besoin…, ajouta-t-elle dans un souffle muet.

Elle désigna de sa baguette le journal en piteux état, le regard cynique animé de braise malicieuses.

-Oui ce…torchon… Evanesco !

Le périodique délabré se volatilisa dans une déflagration sourde agrémentée d’étincelles furieuses et acharnées.

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Tom regarda en souriant la disparition de la Gazette, puis répondit simplement:
-Bonne fin de journée à vous, mademoiselle Lupin.
Il tourna les talons en se demandant pouquoi elle persistait à lui offrir une aide qu'il n'avait de cesse de refuser... et dont d'ailleurs il n'avait nul besoin. Devant le Seigneur des Ténèbres, il serait seul, aucune aide ne pourrait intervenir... Il y songeait tout en quittant la bibliothèque, et fut heureux de constater que la peur avait fait place à une froide détermination. Il y parviendrait, c'était tout.

Mohéra contempla méticuleusement le sorcier s’éloigner en silence, avec une pointe inconsciente de regrets peut-être, mais pleinement exaucée de constater qu’il quittait l’antre de la bibliothèque d’une démarche guidée par la détermination et que semblait avoir abandonnée l’accablement.
Elle soupira, méditative, avant de s’en retourner à son travail littéraire et de songer, résolue, à la visite nocturne qu’elle envisageait de manière intempestive auprès de la rédactrice de la gazette.