Le lycan, le Maître et Mohéra.

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Il faisait froid. Il faisait sombre.

Alexandre ne pouvait pas bouger. Il pouvait à peine penser. Son esprit vide revoyait en boucle quelques images, entendait quelques noms. Il savait qu'il avait froid et que ses yeux se perdaient dans la nuit. Il ignorait combien de temps s'était écoulé. Il ignorait même où il était. Il ne voyait que la lueur du jour qui filtrait parfois par les meurtrières. Mais il n'aurait pas su dire combien de fois il avait vu ainsi le jour apparaître. une fois ? trois fois ? Son corps lui pesait, il avait l'impression de vaciller. Et pourtant, il ne tombait pas.

Alors, dans les brumes de son esprit, entre deux flash dont il comprenait à peine la portée, il vit que dans son environnement, quelque chose avait changé.

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Lord Voldemort entra et considéra d'un air de profond mépris la pitoyable forme qui était au sol. Si cette bête stupide n'avait pas eu une utilité immédiate pour lui, il n'en aurait jamais supporté la présence dans son école. D''après ce qu'il en savait, c'était encore une de ces créatures veules qui ne savent ni tirer parti de leur pouvoir, ni choisir de prendre en main leur destin.
Il le contourna pour s'installer dans le recoin le plus éloigné de la porte. Ce n'était pas cette bête qui l'intéressait, il attendait une jeune recrue qui devait le rejoindre sous peu...

Mohéra arpenta les méandres sinueux des couloirs fuligineux de l’École, s’enfonçant lentement dans l’obscurité oppressante menant sinistrement à la Salle de Torture. Ses mains moites frôlaient fébrilement les murs humides et âpres, seulement faiblement éclairés par quelques chandeliers de bronze dont la lueur créait d’inquiétantes ombres dansant lugubrement dans un ballet funeste.
Maintes mornes pensées s’entrechoquaient douloureusement dans son esprit orageux et tourmenté, alors qu’enfin arrivée devant l’illustre endroit, elle poussa la massive porte avec incertitude, hésitant à frapper au vu de l’espace inconnu dans lequel elle s’apprêtait à pénétrer.

La lourde porte grinça avec quérimonie, et un silence plombant happa la jeune Mangemort d’un coup d'effluve mortifiante. Elle fit un pas, puis deux, à l’intérieur de l’antre ténébreuse, avant que la porte ne se referme violemment dans son dos, la laissant figée sur le sol froid et suintant ; tant de souffrance crucifiante étreignait la pièce que Mohéra en eut un frisson glacial lui parcourir impitoyablement l’échine. Elle ne pouvait percevoir que le souffle court de sa respiration haletante se répercuter en écho sourd sur les parois mousseuses ; mais lorsqu’elle réalisa avec effroi que dans l’ombre une créature dont elle ne discernait que les courbes corporelles gisait négligemment à terre, elle se saisit instantanément de sa baguette. Elle attendit quelques secondes que se pupilles dilatées s’acclimatent à l’obscurité présente ; il ne lui fallut guère plus longtemps pour s’apercevoir qu’à l’opposé du lieu se tenait une puissante et écrasante silhouette. Les deux flammes rougeoyantes qui grésillaient dans ses yeux insondables et qui semblaient consumer l’âme de tout être osant malencontreusement plonger son regard dans le sien, firent comprendre avec horreur à Mohéra qu’elle avait fait attendre le Seigneur des Ténèbres. Abandonnant son intérêt pour le corps qui jonchait le sol, elle s’avança tête baissé vers Lord Voldemort, s’inclina devant lui avec vassalité, genou à terre :

-Maître...

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Lord Voldemort ne lui accorda aucun regard pendant qu'elle se prosternait à ses pieds.
- Cela suffit, relève-toi et regarde-le ! Tu devais savoir qu'il allait être présent en ce lieu et que tu devais venir l'y rencontrer. Il sera un peu plus vaillant dans un instant mais cela nous laisse le temps d'en parler. Qu'attends-tu de lui ? Que comptes-tu lui faire ?
Il lui laissait encore croire pendant quelques instants qu'elle pourrait décider de la marche à suivre et voulait connaître ses plans, si toutefois, elle en avait.

Mohéra se releva en toute diligence, l’impérieuse Voix du Maître agissant sur ses réflexes comme la décharge foudroyante d’un éclair. Elle détourna son regard virant à l’incarnat avec obédience, pour le poser dans une aversion instinctive sur la créature rampante qui s’étendait pitoyablement à leurs pieds.

La Mangemort eut le rude sentiment que le poids de mille galaxies pesait soudain sur ses minces épaules, tout en goûtant avec ivresse à cette sensation de despotisme altérant sur la misérable vie de cet être gisant. Il lui rappelait tant son père… Et cette cuisante pensée suffit à éveiller en elle toute la répulsion et l’animosité viscérales qui sommeillaient avec médisance dans les contrées dévastées de son cœur rancuneux. Elle songea alors en esquissant un sourire mauvais que métamorphosée en Manticore, elle aurait put déchiqueter sa chair putride et en dilacérer avidement les lambeaux.
Mais elle se reconcentra avec sujétion à la question cruciale du Maître, les pupilles flamboyantes. Lentement, elle brandit sa baguette en direction d’Alexandre et en mima l’action tout en adoptant une voix à la fois grave et acérée :

-Maître, j’attends de lui qu’il me révèle tous les renseignements sur Rémus qui se putréfient fâcheusement au fond de son esprit souillé… Quel gâchis, alors qu’ils pourraient nous être d’une si précieuse utilité. Les laisser ainsi se désagréger en même temps que son âme... Et s’il s’avérait que mes exigences allaient à l’encontre de son gré, je commencerais par lui infliger un Endoloris afin de lui faire comprendre qu’ici seul le Seigneur des Ténèbres impose ses Ordres, puis un Imperium, dans l’espoir pour lui qu’il conçoive dans une ultime clémence de nos soins à assouvir nos expéctatives. Alors seulement j'éprouverais un intérêt à me pencher sur ses dispositions à servir l'un ou l'autre clan.

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Remus... Il avait bien entendu Remus. L'esprit confus d'Alexandre s'éveilla tout à coup, comme si ce mot avait mis en mouvement certaines connexions depuis longtemps endormies. Il ouvrit ses yeux qui s'agrandirent. Il ne pouvait pas bouger bien entendu. En aurait-il d'ailleurs eu la force ? Mais il était maintenant en éveil, sorti de sa torpeur, plein des images confuses qui affluaient à sa conscience.

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